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Libération

EMPLOI. L'individualisation en quatre points : 2-Contrôle. Pauses café, grignotages, coups de fil. Autosurveillance dans la confiance.

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publié le 14 décembre 1998 à 19h47

Dans cette maison d'édition parisienne, on donne un formulaire aux

salariés: notez vous-même vos heures d'arrivée, de départ et temps de pause. C'est le système à la hollandaise avec la pointeuse sur le bureau autocommandée par le salarié. Et, dans le sillage des horaires et contrats de travail individualisés, il se répand en France.

Poussées par la peur des contrôles de l'inspection du travail ou par la mise en place des 35 heures, les directions adoptent les bordereaux de relève des horaires ou installent des systèmes informatiques d'autocontrôle du temps de travail: une manière de se passer de pointeuse, sans être hors la loi. «Faire pointer les cadres comme les ouvriers, pas question, a rétorqué ce PDG à ses syndicats. Je leur fais confiance.» Dans cette entreprise informatique donc, les ingénieurs remplissent une feuille d'émargement quotidienne. Toutes les semaines, les chefs de service visent ces feuilles qui remontent jusqu'à la direction à Paris. Laquelle saisit, traite et recrache des relevés minutieusement épluchés, notamment ceux qui contiennent des dépassements horaires. Les «épinglés» sont «sensibilisés» par courrier. «Mais y en a-t-il tant que cela?», s'interroge un ingénieur. Car avant l'étape parisienne, il y a le tête à tête avec le supérieur. «Soit vous avez des relations avec lui qui vous permettent de jouer franc jeu, soit vous vous autocensurez.» Généralement, l'entretien se solde par un: «Bon d'accord, tu as fait tant d'heures mais tu n'a qu'à récupérer