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Libération

«Un euro fort n'est pas souhaitable». Une monnaie surévaluée «pourrait ralentir l'activité» dans l'Union européenne.

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publié le 14 décembre 1998 à 19h34

Lorsqu'en mai les Quinze se chamaillaient à Bruxelles pour savoir

s'ils nommeraient à la tête de leur banque centrale le Français Jean-Claude Trichet ou le Néerlandais Wim Duisenberg, Libération avait ironiquement suggéré de trancher en nommant un troisième homme: l'Américain Alan Greenspan, patron de la Réserve fédérale américaine. Pragmatique, la politique monétaire menée par ce dernier a permis l'une des plus longues croissances aux Etats-Unis. Le style Greenspan tranche avec la rigidité des faucons de la Bundesbank ou de la Banque de France.

Surprise, à quelques jours de la mise en place de l'euro, les premières déclarations des responsables de la Banque centrale européenne sont beaucoup plus «greenspaniennes» que prévu. Wim Duisenberg et Christian Noyer, président et vice-président de la BCE, ont compris qu'il serait contre-productif d'afficher sans nuance des slogans monétaristes. C'est donc avec sérénité qu'ils commentent leur prise de fonction. Ainsi Duisenberg a-t-il expliqué qu'il comptait combattre non seulement l'inflation «mais aussi la déflation». La semaine dernière, il s'est élevé contre un euro surévalué, qui pénaliserait selon lui la compétitivité européenne. Dans l'entretien qu'il nous a donné, Christian Noyer va plus loin: il estime qu'un euro fort «n'est pas souhaitable» en soi et que seule compte sa stabilité. On est loin du culte que certains banquiers centraux vouaient naguère au mark fort ou au franc fort. Autre bonne surprise, Christian Noyer ne voue