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Libération

La marginale Suisse, sûre de perdre des plumes.Euro fort ou euro faible: les Helvètes seront perdants.

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publié le 15 décembre 1998 à 19h39

Genève, de notre correspondant.

«L'euro? Il y a deux ans, personne en Suisse n'y croyait vraiment. Aujourd'hui, nous devons affronter l'évidence», admet à contrecoeur un analyse financier. Le 1er janvier, la Suisse sera encerclée par la zone euro. Au scepticisme teinté de condescendance qu'affichaient naguère les milieux d'affaires suisses à l'égard de la monnaie unique a succédé l'inquiétude. Banquiers, industriels, professionnels du tourisme" chacun évalue les risques, élabore différents scénarios. Rarement, en effet, défi n'aura été aussi crucial pour l'économie suisse. Alois Ochsner, du bureau de l'Intégration européenne, affirme: «Pour utiliser deux images très fortes, nous avons à choisir entre la peste et le choléra. Soit l'euro réussit, et nous perdrons notre avantage lié aux taux d'intérêt les plus bas d'Europe. Soit l'euro est faible, et l'industrie suisse en subira le contrecoup à cause d'un franc suisse trop fort.» Un danger que personne ne sous-estime. Entre 1990 et 1997, la Suisse avait perdu 100 000 emplois et 2,5% de croissance à cause d'un franc trop élevé.

La hantise de l'envol. L'Europe est le partenaire vital. Les entreprises helvétiques gagnent un franc sur deux à l'exportation et 60% de leurs marchés extérieurs se trouvent dans les pays de l'Union européenne. La hantise principale des exportateurs est de voir le franc suisse s'envoler, jouant son traditionnel rôle de valeur refuge, au risque de conduire l'économie au bord de la récession. Même le commerc