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Libération
Interview

Philippe Herzog, économiste et député européen.«La monnaie unique ne peut vivre sans organe politique».

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publié le 17 décembre 1998 à 16h45

Philippe Herzog, député européen, est membre du groupe de la Gauche

unitaire européenne, président de la Commission des relations économiques extérieures du Parlement européen.

L'euro naît-il, selon vous, dans de bonnes conditions?

Non. Il est lancé dans le contexte d'une crise sérieuse de l'économie mondiale: krach des pays émergents, déficit record de la balance des paiements américaine, ralentissement de la croissance, emprise excessive des marchés financiers sur l'économie réelle. Or les gouvernements européens ne sont pas prêts à faire face à cette tourmente. Ils n'ont pas encore mis en place le volet social et politique de l'Europe, pourtant indispensable à la réussite de l'euro. Je ne crois pas à la fable d'une monnaie unique sans organe politique capable d'organiser la zone. Cela risque de provoquer une crise politique au sein de l'Union, peut-être dès l'an prochain. Face au ralentissement de l'économie s'imposera dès 1999 la nécessité d'une politique commune de soutien et de relance exigeant une grande fermeté. Or il n'y a actuellement pas de direction politique; le triste sommet de Vienne l'a montré ce week-end.

Qu'est-ce qui pourrait déclencher une telle crise?

Le ralentissement de la croissance américaine va rendre les Etats-Unis beaucoup plus agressifs au plan monétaire et commercial. On risque d'avoir un euro surévalué, qui se paiera par un surcroît de chômage. Or les Quinze n'ont de politique ni sur la relation euro-dollar, ni face à un problème de rétorsion commer