Ils sont venus chercher un petit boulot, ils sont repartis échaudés.
Jacques, Eric et Pascal sont tous trois sans emploi et militants d'une association de chômeurs bretonne. Début décembre, ils se rendent à l'ANPE de Saint-Nazaire pour participer à une réunion d'information sur le recrutement d'agents recenseurs. Au printemps, ces agents, à Saint-Nazaire comme partout en France, vont collecter, quartier par quartier, les données du recensement général de la population. Comme tous les quatre ans. L'opération va mobiliser 115 000 agents provisoires, payés par l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) mais recrutés par les communes. A Saint-Nazaire, l'annonce stipule: «Contrat à durée déterminée de deux mois sur la base de 39 heures hebdomadaires.»
3 500 francs pour 5 semaines. Une trentaine de personnes se présentent le jour de la réunion. On leur explique le travail: remettre des questionnaires à domicile, les reprendre, les compléter, les classer, les vérifier. Chaque agent doit couvrir un secteur de 2 000 personnes et sera payé au questionnaire traité. «Les 39 heures indiquées ne veulent rien dire, mais, si nous n'avions indiqué aucun horaire, nous n'aurions pas eu autant de candidats», leur précise le représentant de l'ANPE. Quant au salaire, «il sera de 3 500 francs environ pour 5 semaines et 4 jours». Des voix s'élèvent: «Vous avez dû faire une erreur. Sur une base de 39 heures par semaine, cela représente à peine 15 francs de l'heure, sans c