IBM joue sur les mots. La salle fumeurs que la direction vient
d'aménager au pied de la tour Descartes à la Défense est à l'air libre. C'est un étroit patio, au fond d'une douve, flanqué de deux lampes chauffantes, «qui chauffent la pluie», persifle une fumeuse. Ce jour-là en effet, personne sous les lampes. Une pluie glaciale plaque contre les murs une poignée d'irréductibles, cherchant abri. Emmitouflés dans leur manteau, ils en grillent une en silence. «C'est Fresnes», lâche l'un d'eux. Depuis que la cigarette est hors la loi dans la tour (et sur tous les sites franciliens de l'entreprise), ce qui remonte au mois de mai, les fumeurs avaient pris l'habitude de se regrouper au pied de l'immeuble. La direction a finalement jugé que l'attroupement faisait désordre. Désormais, elle les «parque» à l'abri des regards dans ce petit enclos à ciel ouvert. Et reconnaît même qu'une certaine convivialité s'est instaurée là en bas, entre des gens qui, jusque-là, ne se parlaient pas" En viendra-t-on un jour à écarter les fumeurs du recrutement? «C'est un risque potentiel», estiment les délégués CFDT de Big Blue. Pour l'instant, les accros de la cigarette perdent un bon quart d'heure pour descendre les quarante étages de la tour. Autant de temps pris sur le boulot, «mais on ne leur demande pas de débadger», ironise la direction.
Manager le bien-être. «Voilà le résultat du modèle américain: exclusion, discrimination», observent, de l'extérieur, les membres de Futé (Fumeurs unis pour une ta