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Libération
Interview

Richard Stallman, l'apôtre d'une informatique.

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«Notre devise c'est: liberté, égalité, fraternité.»
publié le 24 décembre 1998 à 17h27
(mis à jour le 24 décembre 1998 à 17h27)

Un gourou avec la gueule de bois ressemble à tout un chacun: il est fripé. Ce dimanche midi, réveil pénible pour Richard Stallman, père des «logiciels libres», adulé par des millions d'informaticiens dans le monde et l'un des pires ennemis de Bill Gates. Pieds nus sur la moquette, l'Américain tripote ses longs cheveux bruns et exhume un sachet de thé froissé de sa poche: «Je n'étais pas sûr que vous en ayez.» La nuit parisienne a été longue, de bars en bars, à suivre une jeune femme séduisante flanquée d'un mâle au statut flou, petit ami ou pas, il ne sait pas trop, explique-t-il dans un français pâteux.

Depuis 1984, Richard Stallman tente d'imposer sa vision d'une informatique libre, coopérative, accessible à tous, qui refuse tout simplement aux entreprises le droit d'auteur sur leurs logiciels. Selon lui, les programmes eux-mêmes doivent être «la propriété collective de l'humanité», et les entreprises se contenter du rôle de distributeur, de fournisseur de services et d'aide technique. Une conception totalement opposée à celle des grandes boîtes comme Microsoft, jalouses de leurs secrets de fabrication. Le résultat est là: selon le cabinet d'études américain IDC (International Data Corporation), la part de marché du système d'exploitation «libre» Linux dans les entreprises est passée de 6,8% à 17,2% en une seule année Lorsqu'il n'est pas devant son clavier, à Boston, à la Free Software Foundation, qu'il a créée en octobre 1985, Stallman arpente la planète en jouant les prop