Penza envoyée spéciale:
Aleksandr Mikhaïlovski a une hantise: le retour des «cuisses de Bush». Au début des années 90, ces morceaux de poulet, envoyés dans le cadre de l'aide américaine sous la présidence Bush d'où leur surnom et vendus très bon marché, avaient donné le coup de grâce à l'industrie locale vouée au volatile. «Depuis les gens ont redécouvert le poulet russe, souligne-t-il, mais si les Américains nous en renvoient, nous ne résisterons pas.»
Surproduction américaine. Inquiets devant l'ampleur de la crise et les risques de famine cet hiver, Américains et Européens ont proposé une aide humanitaire à la Russie. Des accords ont déjà été signés sur le montant de cette aide qui devrait arriver début 1999. Mais les Américains, soucieux d'aider leurs éleveurs en surproduction, ont proposé d'y ajouter des lajki Boucha («cuisses de Bush» en russe). «Nous prions le ciel que les discussions ne débouchent pas; cela remettrait en question tous nos plans de développement», explique Mikhaïlovski, vice-directeur de l'usine de poulets Zaretchnaïa, près de la ville de Penza, à 800 kilomètres de Moscou. L'usine est située dans une région en plein déclin, à la fois agricole et haut lieu du «complexe militaro-industriel».
Avec la crise d'août dernier et la chute des importations, Zaretchnaïa connaît une reprise inespérée. Mais avec son matériel vétuste et ses coûts de production trop élevés, elle ne pourra lutter face au poulet américain. En 1991, se souvient le vice-directeur, le po