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Libération

Trichet et Tietmeyer, timoniers de la barque Eurolande.Les gouverneurs français et allemand accaparent le pouvoir à la BCE.

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publié le 28 décembre 1998 à 17h43

Francfort envoyé spécial:

Jean-Claude Trichet et Hans Tietmeyer ont-ils fait main basse sur la Banque centrale européenne (BCE)? Officiellement, le patron est le Néerlandais Wim Duisenberg, mais beaucoup craignent que les onze gouverneurs des banques centrales nationales n'aient d'ores et déjà réussi à faire du président de la BCE un simple porte-parole, et, du «directoire», un vulgaire secrétariat administratif. Tout semble indiquer que, pour paraphraser de Gaulle, le pouvoir monétaire européen a une apparence: la BCE, et une réalité: un quarteron de banquiers centraux nationaux.

Quel est l'enjeu pour l'Europe et les onze membres de l'Eurolande? Tout simplement que les intérêts des Etats prennent le pas sur ceux de la zone dans son ensemble.

Saint des saints. C'est le traité de Maastricht qui a fait de la BCE la tête d'un organisme composé des banques centrales nationales de l'Union européenne. Cet ensemble répond au doux nom de Système européen des banques centrales (SEBC). Les pays non membres de l'Eurolande sont présents au sein du conseil général, mais n'ont guère de pouvoirs. Il n'en va pas de même du Conseil des gouverneurs, le saint des saints, qui réunit les onze patrons des banques centrales des pays qualifiés, ainsi que le directoire de six membres dirigeant de la BCE. Celui-ci se réunit au minimum une fois par mois au dernier étage, le trente-sixième, de l'Eurotower de Francfort. C'est dans cette tour, située en plein centre de la capitale financière allemande, à qu