Rome de notre correspondant:
«Les Italiens ont l'Europe dans le sang.» Plus qu'une profession de foi ou un slogan électoral, le récent propos du ministre du Trésor Carlo Azeglio Ciampi, véritable maître d'oeuvre de l'entrée de l'Italie dans l'euro, reflète avant tout un constat statistique. Malgré des sacrifices économiques massifs et répétés, la péninsule continue d'être frappée d'un euro-optimisme à toute épreuve. «En septembre 1997, le consensus autour de la monnaie unique se situait un peu au-dessus des 60%, résume Antonio Bucci au ministère du Trésor. Puis il est monté à partir d'avril 1998 ,pour s'élever autour de 75%, grâce à une progression importante dans les secteurs de la société les plus éloignés du monde productif, à savoir les ménagères et les retraités.» Les cadres plébiscitent toujours l'euro à près de 90% et les étudiants à plus de 95%. Pourtant, nul autre pays de l'Union européenne n'aura déployé autant d'efforts pour rentrer dans les clous de Maastricht. Ne respectant aucun des cinq critères du traité, Rome a dû s'imposer en l'espace de huit ans une sévère modération salariale, une réduction de son déficit budgétaire de plus de 8% du PIB, une hausse de la pression fiscale de l'ordre de 4 points et même, cas unique dans l'UE, une «euro-taxe», un impôt spécifique pour l'Europe" Les Italiens seraient-ils masochistes? La crise du modèle. «Le pays n'avait pas le choix, estime l'ancien diplomate et historien Sergio Romano. Si l'Italie était restée à l'extérieur