Menu
Libération

Les forçats de la monnaie unique. Heures sup, week-ends: aucune convention collective ne régit le surplus de travail des informaticiens.

Article réservé aux abonnés
publié le 30 décembre 1998 à 17h53

Josette tombe de fatigue. Informaticienne, elle vit désormais au

rythme de l'euro. «Pas de vie privée. Impossible de se déconnecter du travail. Depuis six mois, je ne pense plus qu'à ça. J'en rêve même la nuit ne sachant plus parfois si j'ai réellement accompli telle opération ou si c'était un songe.» Les heures, elle les accumule à la douzaine chaque jour. Certaines semaines, cela peut aller jusqu'à 75. «A chacun des week-ends tests, qui ont eu lieu trois fois depuis fin août, j'ai enchaîné 12 jours de travail d'affilée.» Et il ne s'agissait que de répétitions. «Pour le réveillon du 31, je suis déjà si fatiguée que je n'ai rien prévu. De toute façon, je suis d'astreinte toute la nuit.» Ce jour-là commence la grande bascule vers la monnaie unique. «Le 1er janvier, je commence à 8 heures pour finir à minuit. Le 2, je travaille de 9 heures à 22 heures. Le dimanche 3, de 9 heures à 15 heures, si tout va bien. Et le lundi, j'enchaîne une journée de travail puis une nuit d'astreinte.» La tête dans le clavier. Cette année, Josette n'aura pris que deux semaines de vacances. Et l'euro risque encore de lui jouer des mauvais tours en 1999: les ajustements informatiques avec astreintes et dimanches passés devant l'écran sont prévus jusqu'au printemps. «Ça commence à devenir très physique. Il est grand temps que cela se termine, dit Josette. J'espère qu'on aura un peu moins de travail et qu'on sera plus nombreux pour l'an 2000.» Le nez dans le clavier, elle ne s'est guère occupée de com