Le recensement des emprunts russes, lancé il y a six mois, s'achève

demain soir, occasionnant un afflux de petits porteurs aux guichets du Trésor public chargé de l'opération. A Paris, certaines trésoreries n'acceptaient plus lundi de donner des rendez-vous aux personnes ayant attendu le dernier moment. «C'est trop tard. J'ai déjà une vingtaine de personnes qui attendent. Adressez-vous à une autre division», conseillait par téléphone l'agent chargé du recensement des emprunts russes pour une Trésorerie du sud de Paris.

«Nous sommes débordés. C'est complet», indiquait-on dans une trésorerie du centre de la capitale. Dans une autre de l'Est parisien, il était encore possible de se présenter aux guichets muni de ses titres. «Mais armez-vous de patience car il y a du monde», expliquait-on.

Héritage. Attendant son tour, une dame âgée serre contre elle un grand sac en plastique contenant 300 titres émis sous la Russie tsariste. «Dire que mon père a failli se suicider lorsqu'il a appris que les révolutionnaires ne rembourseraient pas ces emprunts», soupire-t-elle. «Ma mère m'a raconté qu'après, pendant six mois, il était devenu un autre homme. Il ne rentrait plus le soir, traînait dans les cafés, jouait" Une bonne partie de ses économies d'artisan y étaient passées.» Devant elle, un jeune homme vient de faire recenser 110 titres, une opération qui a pris une heure et demie: «Ils me viennent de mon grand-père: la somme sera à partager avec mes frères et soeurs. On espère qu'on pourra