Jean-Louis Quermonne, président de l'Association française de
science politique, vient d'être nommé à la tête d'un groupe d'une trentaine d'experts chargés par le gouvernement de réfléchir, dans le cadre du Commissariat au Plan, à l'évolution des institutions européennes.
Les Quinze ont reporté sine die le renforcement de leur union politique. L'euro créera-t-il, selon vous, un «choc fédérateur»?
A part le Zollverein, créé en Allemagne avant la constitution de l'Empire allemand en 1871, il est sans précédent qu'une union monétaire ne soit pas accompagnée d'une union politique. Je ne crois pas à un engrenage quasi automatique de l'union monétaire vers l'union politique. Mais l'euro est une contrainte qui peut mettre les politiques au pied du mur et les obliger, sauf à courir le risque d'une crise, à accélérer cette union politique.
Quelle est la situation actuelle?
Sous l'impulsion de Jacques Delors, le traité de Maastricht avait prévu une union non seulement monétaire mais économique. Or la mise en oeuvre de la coordination des politiques économiques n'a pas été poussée à son terme. Définir une politique économique en commun implique certains choix de société. Dans le contexte du libéralisme de l'époque, il était très difficile de s'entendre sur ces choix. Le fait que la majorité des gouvernements de l'Union soient aujourd'hui de tendance sociale-démocrate peut, peut-être, faire évoluer les choses et rendre possible cette «gouvernance» économique. Le Conseil de l'euro, créé à