L'euro vaut bien un feu d'artifice, s'est dit la Bourse de Paris qui
se l'est offert hier, en guise de récompense après plusieurs mois d'efforts. Pas d'incidents majeurs, juste quelques couacs, et quelques sueurs.
«Lundi matin, raconte-t-on à la BNP, des petits établissements bancaires ont demandé des cotations de deutsche marks contre des francs ou de lires contre des pesetas.» Grosse bourde s'il en est, personne n'ignorant plus que toutes ces monnaies se sont fondues le 31 décembre dans l'euro, leurs parités étant définitivement figées. D'autres cancanent que samedi, lors d'une séance exceptionnelle consacrée au rapprochement des ordres et des demandes avant l'ouverture des Bourses pour mieux préparer la séance, une grande banque on taira son nom par pudeur a passé ses ordres en francs, une monnaie bannie pourtant de la scène financière depuis la veille.
D'autres incidents ont émaillé, tout au long du week-end, les opérations successives de bascule, histoire de maintenir sur le qui-vive tous ceux qui ont réveillonné chez leur employeur. Chez CPR-Bourse, Raymond Bunge, responsable informatique et du back office, se souvient d'une opération de conversion de titres libellés en escudos et en florins, affectés d'une erreur de facteur 100. Là où le résultat à la sortie des tuyaux auraient dû tutoyer zéro, les traders se sont retrouvés avec un excédent miraculeux de 130 millions de francs. «On a décidé sagement, ajoute son collègue, de ne pas aller fêter la nouvelle au Fouquet's