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Libération

Une analyse de l'économiste américain Lester Thurow. L'heure de vérité pour le dollar.

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publié le 5 janvier 1999 à 23h25

Premier janvier 1999, l'euro débarque. Pour la première fois depuis

la Seconde Guerre mondiale ­ avec tout ce que cela signifie pour la politique budgétaire et monétaire américaine ­, les pays à la recherche d'une devise pour placer leurs réserves de changes vont avoir un autre choix que le dollar.

Entre début 1994 et avril 1995, la valeur du dollar s'est effondrée de 115 à 80 yens. Les Etats détenant leurs réserves en dollars ­ c'est-à-dire la majeure partie de la planète ­ perdirent un tiers de leur pouvoir d'achat. Mais il n'y avait pas d'échappatoire. Pourquoi? Les devises européennes évoluaient sur des marchés trop étroits pour supporter de tels flux de capitaux (les réserves de changes représentent environ 5000 milliards de dollars). De tels mouvements auraient eu un impact très important sur la valeur des monnaies européennes, faisant par là même peser un risque sur lesdites réserves. Le yen ne pouvait pas non plus servir de refuge: aucun Etat ne veut placer ses réserves dans un pays où le gouvernement peut, selon son bon vouloir, le priver de l'usage de cet argent.

Certes, les Etats-Unis font difficilement figure de candidat idéal. Celui qui cherche à placer ses réserves internationales ne vise pas le meilleur rendement, mais l'endroit le plus sûr pour déposer ses fonds en attendant d'en avoir l'usage. Les Etats-Unis affichent un déficit commercial de 200 milliards de dollars, cumulent une dette de 1500 milliards de dollars auprès d'investisseurs étrangers. A l'inverse,