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Libération
Analyse

Un service public vulnérable.Parce qu'elle gère les comptes des plus démunis, la Poste est irremplaçable.

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publié le 8 janvier 1999 à 23h28

La Poste abrite pas moins de 21 millions de livrets A. Parmi

ceux-ci, 12 millions alignent moins de 1 000 francs (152,43 euros) au compteur. Pis encore, 2 millions d'entre eux font l'objet de 40 opérations (entrée-retrait) par an, alors que la moyenne nationale s'affiche à 8. Ce constat a un coût: 1,2 milliard de francs (183 millions d'euros) par an. Et ce n'est qu'une partie du prix du service public. Car c'est bien parce que la Poste est le seul réseau présent sur l'ensemble du territoire et dessert les quartiers les plus difficiles qu'elle doit faire face à l'afflux d'une population en difficulté dont le seul «compte en banque» est souvent un livret de couleur bleue. Depuis plusieurs années, un accord lie l'Unedic à la Poste pour le virement des allocations de chômage sur les livrets d'épargne, qui font office très souvent de «tirelire», dans laquelle certains ménages puisent, au jour le jour, les sommes dont ils ont besoin. La Poste a ainsi presque le monopole des comptes (livrets ou CCP) des RMIstes. Car, à la différence des autres réseaux, elle accueille souvent les «interdits bancaires», même si elle leur refuse les moyens de paiement. La gestion de cette clientèle, de surcroît très rétive au livret électronique ou à la carte de retrait, est particulièrement coûteuse.

Les autres réseaux bancaires l'ont compris et se gardent bien de la moindre critique. Le temps est pourtant encore proche où l'Association française des banques (AFB), qui fédère les banques commerciales,