Rio, correspondance.
Un responsable local brésilien menace l'accord qui a permis de sortir la finance mondiale du marasme, et toute la planète s'angoisse. Devenu le 1er janvier gouverneur du Minas Gerais (Etat situé entre Rio et Brasilia), l'ancien président Itamar Franco a décrété le moratoire de toutes les dettes de cet Etat pour quatre-vingt-dix jours. Cette décision a fait plonger la Bourse de São Paulo (-8% en deux jours), a semé la panique des financiers internationaux et à Brasilia. «Le moratoire d'Itamar fait chuter les Bourses et le dollar dans le monde», titrait vendredi O Globo, le grand quotidien de Rio. «Irresponsable», clament les proches de l'actuel président du Brésil, Fernando Cardoso. Il est vrai qu'Itamar Franco frappe indirectement le talon d'Achille du gouvernement: l'accord passé en novembre avec le FMI. Fuite des capitaux. En pleine crise internationale, le réal brésilien était alors menacé de dévaluation. L'effondrement de la monnaie du géant latino risquait de faire basculer tout le sous-continent et d'écraser les résultats des centaines de filiales de multinationales installées sur son territoire.Tout le gratin de la finance multilatérale (FMI, Banque mondiale, Club de Paris) avait réussi en un temps record à réunir 41 milliards de dollars pour soutenir le pays. Malgré cet accord, 5 milliards de dollars ont encore déguerpi du territoire en décembre et début janvier. Depuis la crise russe en août, la fuite des capitaux a réduit de moitié les réserves