Tokyo, correspondance.
Ce Japon que l'on croyait être «le royaume du plein emploi» et de «l'emploi à vie» serait-il entré à son tour dans la spirale infernale du chômage structurel? C'est la question que se posent plusieurs observateurs (japonais), après la publication par l'Agence de planification économique (EPA) des derniers chiffres sur le chômage, révélant un taux de 4,4%, soit officiellement 2,98 millions de personnes sans travail. Si ces chiffres restent parmi les plus faibles de l'OCDE, ils n'avaient jamais été aussi élevés depuis l'établissement des statistiques sur l'emploi, en 1953. Psychose nationale. Dans les 594 ANPE de l'Archipel, les listes de chômeurs ne cessent de grandir. Le tissu industriel est secoué par de fortes turbulences: cascade de faillites de PME, vastes restructurations dans des secteurs industriels traditionnels, comme le textile et la métallurgie. «Nous sommes très inquiets, explique Mitsuji Kawase, directeur adjoint des études internationales à l'Institut du travail du Japon. Notre marché de l'emploi souffre actuellement d'une cruelle immobilité. Dans le secteur privé, beaucoup d'entreprises n'embauchent plus. D'autres emploient au compte-gouttes. Cette situation rappelle de plus en plus ce qui se passe en Europe.»
Depuis la première vague de licenciements massifs en 1993 (chez TDK, Nissan, Toshiba"), le taux de chômage, malgré de timides trêves mensuelles, a augmenté inexorablement. Après un taux de 2,2% en 1992, 3,2% en 1995, 3,5% en 1996, l