Certains services sont complètement désertés, comme la paie, où il a
fallu faire appel à une société extérieure. Dans sa fusion avec Compaq, Digital France a perdu 70% de ses salariés. Les candidats aux départs volontaires ont afflué. Ils sont 1350, soit deux fois plus que ne l'avait escompté la direction, qui va devoir, paradoxe entre tous, se remettre à embaucher à toute vitesse pour combler les trous. La «fusionmania» qui agite aujourd'hui les grands groupes de la planète aboutit toujours à des compressions d'effectifs. Mais, d'habitude, le personnel est davantage contraint que volontaire. En refusant de figurer dans la corbeille du mariage, les salariés français du groupe informatique américain ont exprimé à leur manière leur désapprobation. Ou leur attachement au Digital d'autrefois, sans le Compaq d'aujourd'hui. A moins qu'ils n'aient voulu profiter des coquettes aides au départ. Sans trop de risque de se retrouver au chômage. L'informatique étant un des rares secteurs où il suffit de se baisser pour trouver du travail. Fierté. Quand, en juin, ils ont appris que Compaq les avait achetés, le «ciel leur est tombé sur la tête», comme le dit une informaticienne. Les «digitaliens» ont toujours eu une haute idée d'eux-mêmes. Dans les années 80, ils talonnaient IBM et DEC (Digital Equipment Corp), attiraient la fine fleur des ingénieurs. «En principe, c'est nous qui aurions dû racheter Compaq», dit Patricia Blancard, de la CFDT. Las! depuis quelques années, Digital s'est mis