Hier matin, la Banque centrale brésilienne a annoncé qu'elle
renonçait à soutenir le réal. La monnaie s'est aussitôt effondrée de 1,32 réal à 1,60 réal par dollar, avant de revenir à 1,50 dollar vers 15 heures. Les autorités monétaires de Brasilia n'avaient plus le choix. Même après avoir dévalué la monnaie de 8% mercredi, la fuite des capitaux se poursuivait: 5 milliards de dollars (4,26 milliards d'euros, 28 milliards de francs) ont encore quitté le pays en trois jours. La nouvelle marge de fluctuation du réal face au dollar décidée mercredi s'est vite révélée irréaliste.
Depuis la crise russe en août, le Brésil, huitième économie mondiale, a vu ses réserves de change fondre de 74 milliards de dollars (63,12 milliards d'euros, 414 milliards de francs) à une trentaine de milliards aujourd'hui. Pendant six mois, le pays a défendu sa devise en maintenant des taux d'intérêt exorbitants (jusqu'à 49,7%!). Mais ceux-ci ont alourdi les charges de la dette publique interne, étranglé les entreprises, fragilisé le système bancaire. Résultat: une récession de plus en plus forte et la flambée du chômage. En vain, au final.
Bourse euphorique. Cette politique du «réal fort» avait peu à peu réuni contre elle les patrons, les syndicats, les gouverneurs d'Etat et une grande partie du Parlement. C'est pourquoi l'adoption d'un change flottant a provoqué l'euphorie de la Bourse de São Paulo, qui s'est envolée hier vendredi de 30% en séance! Elle avait, il est vrai, perdu 58% depuis le début de l