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Libération

Ces travailleurs que la crise rend indépendants.Un sondage dresse le profil de cette population.

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publié le 19 janvier 1999 à 23h13

Ils vont tenir salon, un magazine leur est consacré, et désormais

voici qu'on les sonde: les nouveaux travailleurs indépendants sont à l'honneur des derniers Cahiers de générations (1) qui a confié à Louis-Harris le soin de cerner cette espèce en voie de prolifération. Par opposition aux artisans et aux professions libérales, que l'on retrouve traditionnellement classés sous ce vocable, ce sont majoritairement des consultants (42% des personnes interrogées se définissent comme faisant du «conseil») échoués du salariat sur les rives de l'indépendance. Pas toujours volontairement: 48% le sont devenus malgré eux, en prévision ou à la suite d'un licenciement. Et, pour 66% d'entre eux, cette idée ne leur est venue qu'après six mois de chômage. L'échantillon choisi dans ce sondage ­ 1 586 cotisants à la Cipav (Caisse de retraite des professions indépendantes) ayant entre 45 et 55 ans ­ est forcément un peu réducteur. Mais on peut parier que, s'il avait inclus les jeunes générations, le sondage aurait abouti à peu près au même constat: les «nouveaux solos», comme on les appelle souvent, sont majoritairement des indépendants malgré eux, victimes des mutations à l'oeuvre dans le monde du travail. C'est en effet l'externalisation croissante des activités périphériques de l'entreprise et le recours tout aussi croissant à la sous-traitance qui fait le lit de cette «nouvelle population». Elle ne s'en plaint pas toujours. 87% des indépendants interrogés ne regrettent pas d'avoir sauté le