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En plein débat sur la politique énergétique, «Libération» propose un scénario-fiction

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14 juin 1999: Jospin débranche le nucléaire... Quelles seraient les conséquences économiques, écologiques, pratiques et géopolitiques d'un arrêt progressif des centrales françaises?
publié le 22 janvier 1999 à 23h16

Lundi 14 juin 1999. A l'issue des élections européennes, où les Verts ont fait un tabac, Lionel Jospin décide d'imiter l'exemple allemand et de «sortir du nucléaire». Le gaz est désormais plus compétitif que l'atome, et la chute du prix du baril de pétrole se poursuit. En pleine campagne électorale, une brèche dans le circuit de refroidissement de la centrale nucléaire de Civaux a provoqué une fusion du coeur du réacteur. Si, officiellement, aucune radioactivité ne s'est échappée hors de l'enceinte, un périmètre de sécurité de plusieurs kilomètres barre tout accès au site. Déjà ébranlés par la décision allemande l'année précédente, les Français plébiscitent les énergies renouvelables. Un récent sondage a montré qu'ils étaient désormais majoritairement hostiles à l'atome.

Le gouvernement s'attaque à un chantier titanesque: 56 réacteurs civils tournent et plus de 150 000 emplois dépendent en France de cette filière. Assailli par le lobby nucléaire, le Premier ministre a répliqué: «C'est une décision politique, nous disposons d'un éventail de technologies pour la mettre en oeuvre. Sans compter que le démantèlement du parc va permettre de maintenir, voire d'augmenter les effectifs de l'ensemble des industries concernées.» La CGT Energie a déjà appelé ses membres à défiler dans les rues de la capitale, une bougie à la main et avec ce mot d'ordre: «Vive le nucléaire contre l'effet de serre!» Le gouvernement est serein: l'abandon du nucléaire ne se fera pas en un jour, mais il s'agi