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Libération

Sotheby's, commissaire-briseur. En organisant une vente en France, la société américaine contourne la loi. (château de Groussay)

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publié le 23 janvier 1999 à 23h17

La multinationale américaine Sotheby's (plus de 11 milliards de

francs de chiffre d'affaires) est bien décidée à passer en force, coûte que coûte, sur le marché de l'art français, qui lui est fermé en vertu du monopole des commissaires-priseurs hérité de la monarchie. Cette tentative d'effraction laisse augurer d'un beau barouf, dont la responsabilité incombe largement aux atermoiements depuis des années des pouvoirs publics.

Dans un communiqué, Sotheby's a confirmé ce qu'a révélé Libération hier: elle s'associe à deux commissaires-priseurs parisiens, Mes Poulain et Le Fur (1), pour tenir des ventes aux enchères de prestige. L'idée est de contourner la loi actuelle en demandant à un commissaire-priseur, seul habilité à orchestrer des enchères du début à la fin, de tenir le marteau.

100 millions de francs à la clé. La première vente sera un événement, le plus grand déballage de château jamais réalisé en France: la dispersion sur place, du 2 au 6 juin, du mobilier du château de Groussay, à Montfort-l'Amaury (Yvelines): 2 000 objets, meubles et tableaux collectionnés par le grand décorateur Charles de Beistegui (1894-1970), qui avait entièrement refait le château en pastichant le XVIIIe siècle. Sotheby's en attend plus de 100 millions de francs. La dispersion devrait faciliter la vente du château néopalladien lui-même, aussi confiée à Sotheby's: trente hectares décorés de petits pavillons de fantaisie, à une demi-heure du centre de Paris, il est proposé pour 60 millions de francs