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Libération
Reportage

La grande détresse de Novo Hamburgo, miné par la crise du réal. En cinq ans, la capitale de la chaussure brésilienne a licencié 30 000 personnes.

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publié le 25 janvier 1999 à 23h17

Novo Hamburgo, Rio Grande do Sul, envoyé spécial.

Avant le plan réal, Novo Hamburgo était la capitale brésilienne de la chaussure. Aujourd'hui, la cité est peuplée de hangars vides, curieusement placés au milieu de quartiers résidentiels. Comme ce long bâtiment en briques rouges, presque neuf: la végétation a envahi le parking et bouche désormais la porte d'entrée. Derrière un bouquet d'arbustes, on distingue encore une enseigne, autrefois lumineuse: «Calçados Muller». L'usine a récemment cessé toute activité. «Depuis le plan réal en 1994, 92 entreprises de Novo Hamburgo ont fait faillite et 80 autres ont fermé leurs portes, commente Carlos Gilberto Koch, le président régional de la Centrale unique des travailleurs (CUT). Le secteur de la chaussure employait ici 35 000 hommes en 1994. Il n'y en a plus que 6 400 aujourd'hui.» Au Brésil, l'ouvrier licencié a droit à cinq mois d'allocations chômage et à une indemnité payée par l'entreprise. Celle-ci est en principe obligatoire, mais en pratique, dix mille procès contre des patrons mauvais payeurs s'accumulent au syndicat de Novo Hamburgo. Adaulto, un grand blond basané aux yeux clairs, arrive à vélo. En short, un T-shirt retroussé sur le haut de sa poitrine, il se plaint: «Le type de l'usine d'à côté m'a fait venir. J'ai cru que c'était pour du boulot. Puis il me dit: "Reviens en mars. J'ai fait quinze kilomètres pour rien. J'aime bien pédaler, mais je commence à en avoir marre.» Par trente-huit degrés à l'ombre, Adaulto a p