Quand il est entré dans son bureau, le samedi qui a suivi son
arrivée à la tête d'EDF, François Roussely a désespérément cherché la lumière. Le 5e étage, celui de la direction, était plongé dans l'obscurité. Les gardiens avaient pris l'habitude de couper l'électricité pendant le week-end, ils ne pensaient pas que le nouveau patron serait là tous les samedis à 7 h 30. Très vite, toute l'entreprise l'a su. Et aussi que les dîners en ville étaient proscrits: l'homme est là tous les soirs jusqu'à 23 heures et attend encore des «retours» de ses collaborateurs à ce moment avancé de la soirée. Au ministère de la Défense, où ce haut fonctionnaire a passé l'essentiel des dix dernières années, il était celui qui, toutes les nuits, fermait boutique. En ce mois de juillet 1998, l'état-major d'EDF a compris qu'avec Roussely il n'allait pas rigoler.
«Assez parlé.» Six mois plus tard, la plupart le confirment en privé. Des consignes drastiques ont été données par le patron. Dans une entreprise qui a utilisé les médias pendant deux ans pour régler ses querelles internes, personne n'est plus autorisé à s'exprimer devant un journaliste. Alors que la maison se réorganise de fond en comble, l'armée des directeurs tremble pour son avancement. Roussely le sait. Et l'assume. «On n'est pas là pour rigoler. Les dirigeants d'EDF ont assez parlé pendant dix-huit mois, il faut qu'ils arrêtent de se prendre pour des stars internationales. Notre boulot, c'est de valoriser le travail que cette entreprise a