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Libération

«Je me sens plus soulagé qu'avec Fiat». Bien qu'attristés du départ de leur joyau, les Suédois ne regrettent pas d'avoir écarté les Français et les Italiens.

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publié le 29 janvier 1999 à 23h21

Stockholm, correspondance.

«Comment as-tu pu, Leif?!» En milieu de journée hier, ce gros titre barrait la une du quotidien Expressen. Le journal populaire suédois s'adressait ainsi de façon musclée à Leif Johansson, le PDG de Volvo, qui venait d'annoncer, le matin même, que son groupe vendait la division voitures à l'américain Ford pour 35 milliards de francs. «Vendre Volvo voitures à Ford est définitivement une pitoyable affaire pour la Suède, mais aussi pour Volvo», poursuivait le quotidien. Autant le dire, c'est le joyau des joyaux de l'industrie suédoise qui va ainsi passer entre des mains américaines, sous réserve que l'assemblée des actionnaires entérine ce choix dans les semaines à venir. Depuis des générations, Volvo fait partie du quotidien suédois. Voiture de luxe, vue de l'étranger, mais voiture de monsieur Tout-le-Monde aux yeux du Suédois moyen, Volvo est le symbole de la sécurité familiale.

Le rêve américain. «C'est mon enfant qui disparaît», raconte Nathalie Starberg, administratrice à la Haute Ecole de commerce de Stockholm, en s'exprimant spontanément sur le sujet. Beaucoup de Suédois ont, comme elle, été touchés aux tripes. Volvo va traverser l'Atlantique" «Renault, poursuit Nathalie Starberg, je le sentais plus proche, même si je sais bien que, d'un point de vue financier, Volvo fait une meilleure affaire avec Ford. Mais, si Volvo était resté européen, j'ai le sentiment qu'il aurait gardé un plus grand contrôle de la situation.» L'homme de l'art, Christer Ka