Strasbourg, envoyés spéciaux.
Le symbole du «changement» à la CGT, qui ouvrait hier son 46e congrès à Strasbourg, c'était ce convertisseur électronique francs-euros offert en cadeau de bienvenue aux 1 063 délégués pour marquer la naissance de la monnaie unique, jadis tant honnie. L'indice des réticences au «renouveau» annoncé par les dirigeants de la confédération ouvrière, c'est la bonne vieille épreuve de l'applaudimètre: ovation enthousiaste pour deux anciens secrétaires généraux de la CGT, Henri Krasucki et Georges Séguy, sifflets pour les deux représentants de la CFDT, notamment son secrétaire national, Michel Jalmain, claque polie pour le futur patron de la CGT, Bernard Thibault.
Scepticisme. C'est à un délicat travail de conquête de sa base que s'est livré hier le prochain secrétaire général, 40 ans, qui sera élu vendredi à la succession de Louis Viannet, 65 ans, à la tête de l'organisation. Les cégétistes ne sont pas tous convaincus par la mue qui leur est proposée le passage d'une pratique de «contestation» à un syndicalisme qui soit aussi de «proposition» , et leur nouveau patron le sait. Les appels à l'«unité syndicale», le rapprochement programmé avec la CFDT, l'entrée prochaine de la CGT dans la Confédération européenne des syndicats, toutes ces initiatives suscitent du scepticisme, voire de l'hostilité. Bernard Thibault a dû mouiller son costume (marron) et sa cravate (rouge), rassurer ses troupes hésitantes, flatter leurs ardeurs combatives. Le résultat est