Bonn, de notre correspondante.
Le 29 mai 1965, un avion spécialement affrété par la Bundeswehr apporte la précieuse cargaison d'Istanbul à Cologne: trois caisses pleines de pièces d'or. Le gouvernement fédéral allemand est personnellement intervenu pour permettre à la Dresdner Bank de récupérer" les restes de l'or nazi qu'elle détenait en Turquie!
Cette opération récupération, vingt ans après la fin du régime nazi, est la plus sensationnelle des révélations d'un rapport qui vient d'être publié par l'institut Hannah-Arendt de Dresde. Sous la pression des demandes d'indemnisation déposées aux Etats-Unis, la Dresdner Bank avait commandé, en 1997, cette enquête sur son passé nazi, qu'elle avait auparavant cherché à étouffer. Le rapport, rédigé par l'historien Johannes Bähr, montre que la banque a été beaucoup plus impliquée qu'on ne le croyait jusqu'à présent dans le commerce de l'or nazi. Entre 1939 et 1945, la Dresdner a acheté à la Reichsbank 5,76 tonnes d'or, en grande partie revendues avec plus-value. Pour l'historien, il ne fait guère de doute que les dirigeants de la banque savaient que cet or provenait des pillages des armées du Reich dans les pays occupés. 274 kg provenaient même directement des bijoux volés et dents arrachées aux déportés juifs.
Le plus nouveau dans ce rapport est pourtant la façon dont, longtemps après la guerre, la Dresdner Bank et le gouvernement allemand ont voulu récupérer les restes de cet or. Pendant la guerre, la Dresdner Bank l'avait fait achemin