Longtemps très proches, la CGT et la CGIL (Confederazione Generale
Italiana del Lavoro) ont connu ces vingt-cinq dernières années des trajectoires différentes: dès les années 1970, la CGIL a quitté la Fédération syndicale mondiale (FSM), proche des communistes. Vice-secrétaire général de la CGIL (5 millions d'adhérents) depuis 1990, Guglielmo Epifani analyse l'évolution de la CGT.
Comment décririez-vous l'évolution de la CGT?
Une évolution positive, marquée notamment par la demande de la CGT d'adhérer à la Confédération européenne des syndicats. Mais une évolution qui s'est faite lentement, car, en France, la volonté de se démarquer de l'Union soviétique est intervenue plus tardivement.
Concrètement, comment expliquez-vous la «lenteur» de l'évolution de la CGT?
Elle s'explique par plusieurs raisons et en particulier par le retard du PCF sur le Parti communiste italien (PCI). Ces deux partis, qui venaient de la même tradition, ont eu par la suite des comportements et des poids politiques distincts. Le PCI est devenu une force sociale-démocrate. En second lieu, il y a sûrement la spécifité du mouvement syndical français. La tradition de la concertation n'est pas aussi forte en France qu'en Italie. Quels ont été vos rapports avec la CGT?
Il y a eu des hauts et des bas, avec parfois l'interruption de tout rapport, lorsque nous faisions des choix radicalement différents. A propos de l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie en 1968, nos prises de position étaient radicalement opposée