Bonn, de notre correspondante.
Plus une semaine ne s'écoule sans une nouvelle révélation fracassante sur l'implication des banques allemandes dans la machine de mort nazie. Le week-end dernier, l'institut Hannah-Arendt de Dresde dévoilait que la Dresdner Bank avait beaucoup plus participé qu'on le croyait jusqu'alors au commerce de l'«or nazi», y compris bijoux et prothèses dentaires arrachés aux déportés. La dernière révélation en date est plus frappante encore: la Deutsche Bank, première banque privée allemande, a avoué jeudi avoir contribué à financer la construction du camp d'Auschwitz, où ont été tués près de 1,5 million de déportés, juifs pour l'essentiel.
Ils savaient. Les filiales de la Deutsche Bank en Silésie avaient accordé d'importants crédits à dix entreprises au moins qui ont participé à la construction d'Auschwitz, a révélé Manfred Pohl, directeur de l'institut d'histoire de la Deutsche Bank. Pour la première fois, cet historien reconnaît aussi que certains dirigeants de la banque savaient à quoi servaient les installations qu'ils finançaient. Selon Manfred Pohl, il ne fait pas de doute que les dirigeants des filiales de la Deutsche Bank en Silésie «savaient qu'un camp de concentration et d'extermination était construit à Auschwitz». «Il est vraisemblable que le directoire de la banque à Berlin, qui devait autoriser tous les crédits, le savait aussi», poursuit-il.
Le plus étonnant est pourtant que ces faits n'apparaissent qu'aujourd'hui au grand jour, plus d'un d