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Libération

Les pilotes, mauvais camarades d'Air France. Leur entrée au capital est mal vue des autres personnels.

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publié le 6 février 1999 à 23h38

«Qu'est-ce que vous voulez que ça leur fasse aux mécanos qu'Air

France ouvre son capital; moi, tout ce que je vois, c'est que les pilotes vont détenir le pouvoir dans la compagnie et que ça n'est pas forcément bon pour nous», explique un agent de la maintenance de Roissy. En grève depuis trois semaines contre l'accord sur les 35 heures, qui vient d'être signé ­ un conflit suspendu vendredi soir­, les mécaniciens d'Air France ne perdent pas une occasion de pester contre la direction, et maintenant contre les pilotes. Ils ne sont pas seuls à penser que l'entrée significative des navigants au capital d'Air France va accentuer les différences entre les catégories professionnelles: entre les salariés du sol et les navigants, mais aussi entre pilotes, hôtesses et stewards. Superhéros. Au terme de l'opération de privatisation partielle en cours, les salariés, qui détiennent actuellement 1,1% du capital, pèseront quelque 13,1% du capital, dont 8,8% devraient revenir aux pilotes. Les navigants avaient jusqu'au 29 janvier pour acheter des actions Air France. 20% des pilotes ont choisi de ne pas participer à cette tranche d'actionnariat, le plus souvent parce qu'ils sont très endettés. En moyenne, les navigants abandonnent à peu près 72 500 francs de leur rémunération annuelle pendant sept ans, et se retrouvent avec un capital Air France équivalent à un investissement compris entre 450 000 à 500 000 francs sur la même période. «Les pilotes n'ont toujours pensé qu'à eux, indique un st