Les tribulations du portefeuille de Vincent Bolloré, et les formidables plus-values que lui ont rapportées ses investissements dans Bouygues puis dans Pathé, renvoient à la vieille question: à quoi servent les «raiders» boursiers, leur activité justifie-t-elle les sommes qui leur sont versées?
La question avait d'abord été posée dans les années 80. Deux économistes de la Harvard Business School avaient fait le calcul des plus-values consécutives aux «raids» boursiers de l'époque et mesuré, à cette aune, la contribution des raiders à la prospérité du pays. A leurs yeux, les plus-values boursières qui font suite à un raid témoignent du supplément d'efficacité qui résultera du changement des dirigeants. C'est une approche naïve, et revendiquée comme telle, mais qu'il n'est pas évident d'affronter. Si la valeur boursière d'une entreprise est plus élevée après le raid, ce doit être le signe qu'il s'est passé quelque chose; et quoi d'autre que la promesse d'une meilleure gestion?
Deux économistes du département d'économie de la même université avaient répondu ainsi. Les raids peuvent être bons pour les actionnaires, mais il n'en résulte nullement qu'ils soient bons pour le «pays». Les raids des années 80 ont été souvent l'occasion, à l'heure où le downsizing était à la mode, de démembrer les groupes «multiformes» qui s'étaient constitués après-guerre. Rien à dire si ceci est porteur d'une efficacité productive supérieure, mais rien ne le prouve. En démembrant un groupe, les raiders