Bangkok, correspondance.
Au fond d'une ruelle à l'entrée graisseuse d'un quartier sud de Bangkok, le double «shophouse» chinois est invisible de la route principale. Sans enseigne, anonyme avec sa grille à demi fermée, il ne se distingue en rien des immeubles voisins. Passé l'entrée, il y règne pourtant une activité fébrile: des vendeurs y vont et viennent, portant des caisses en bandoulière; des employés autour d'une table repassent les comptes de la matinée; quelques secrétaires, téléphones coincés sous l'oreille, tapotent sur leurs claviers. Arrive le patron, affable et volubile, Sirivat Voravetvuthikun, ex-entrepreneur immobilier couvert de dettes devenu aujourd'hui directeur de Sirivat Sandwiches, une dynamique affaire de vente ambulante. Khun Sirivat parle sans détours de ses déboires: incapable de rembourser un prêt de 500 millions de bahts (près de 2,5 millions de francs) pour son projet «Villas d'or», il s'est lancé dans la confection de sandwichs avec pour objectif la survie. «Si j'ai l'argent, je paie; si je n'ai pas l'argent, je ne peux pas payer. Je n'essaie pas d'échapper à mes créanciers. Je leur dis: "Vous pouvez me rencontrer quand vous voulez dans la rue», confie ce Sino-Thaïlandais.
Tous les entrepreneurs endettés ne sont pas aussi sincères que Sirivat. Et, à mesure que la Thaïlande s'enfonce dans la crise, le nombre de mauvaises dettes, celles pour lesquelles les intérêts n'ont pas été payés depuis plus de trois mois, ne cesse d'enfler: estimé à 25% de l'e