C'est un mythe qui s'écroule. L'insubmersible Royal Dutch Shell, qui
paradait en tête des grandes compagnies pétrolières mondiales, jusqu'à la fusion récente des américaines Exxon et Mobil, a reconnu publiquement hier sa fragilité. Son bénéfice net, qui frôlait royalement les 8 milliards de dollars (6,82 milliards d'euros) en 1997, n'est pas parvenu à dépasser les 350 millions de dollars (298,56 millions d'euros) l'année dernière. Et son chiffre d'affaires (138,2 milliards de dollars, soit 117,2 milliards d'euros), est en baisse de 19%! La dégringolade est telle que le président du monstre anglo-néerlandais n'a pu faire autrement que de reconnaître que sa société avait laissé «la concurrence nous dépasser». Mark Moody-Stuart diagnostiquait que le groupe était «confronté à l'un des plus grands défis de son histoire».
Les malheurs du baril. La chute des cours du pétrole est évidemment pour beaucoup dans la situation catastrophique de Shell. Passé de 16 à 10 dollars en un an, le prix du baril de brut a entraîné dans son déclin la totalité des entreprises du secteur. Les plus pénalisées sont celles qui ont engagé des projets avec des «points morts» (seuil de rentabilité) trop élevés, dont les champs de production se révèlent coûteux à explorer, ou parce qu'elles sont orientées vers la pétrochimie, secteur en difficulté. Shell est exactement dans ce dernier cas de figure. Le groupe a non seulement pris la chute des cours en pleine poire, mais aussi la crise asiatique qui a durement