New York, de notre correspondant.
Joe McNeely était un accro du jeu, et ses pulsions l'ont conduit à la ruine. Après avoir perdu environ 3 millions de dollars (plus de 17 millions de francs) au casino en deux ans, participé sans succès à plusieurs réunions des «joueurs anonymes», tenté de se suicider en se tirant une balle dans l'abdomen, été abandonné par sa femme et rejeté par sa famille, Joe McNeely s'est retourné vers les tribunaux pour porter plainte contre les casinos qui ont encouragé son vice. Il leur reproche d'avoir, en connaissance de cause, exploité sa «dépendance» (gambling addiction). Les casinos prennent la menace au sérieux: l'un d'entre eux, au moins, lui a proposé de négocier un compromis financier en échange du retrait de sa plainte. Et, confrontés à d'autres plaintes, ils proposent de mettre un bémol à leur agressivité publicitaire.
Ainsi, aux Etats-Unis, les tribunaux sont-ils de plus en plus souvent sollicités non seulement par les particuliers, mais aussi par des associations, syndicats ou groupes de pression désireux d'obtenir ce qu'ils ne parviennent à obtenir du législateur. Ces plaintes, qui nourrissent une armée d'avocats spécialisés dans ce genre d'affaires, sont un formidable moyen de pression sur les entreprises. La méthode n'est pas nouvelle: les associations de consommateurs américaines savent depuis longtemps qu'il est souvent plus aisé d'obtenir le soutien d'un jury composé de douze de leurs concitoyens que l'oreille d'un élu à Washington, qu