Menu
Libération

En Afrique du Sud, le chômage rattrape les Blancs. Depuis quatre ans, le pays a perdu un demi-million d'emplois.

Article réservé aux abonnés
publié le 13 février 1999 à 23h44

Johannesburg, envoyée spéciale.

Silhouette immobile au milieu d'une foule indifférente, la jeune femme garde les yeux baissés. Devant elle, une pancarte avec pour tout message: «Je n'ai plus de travail. Merci de m'aider.» Ailleurs, l'image est devenue tristement banale. Mais en Afrique du Sud, le phénomène est encore suffisamment nouveau pour surprendre. Car cette jeune femme qui mendie sur le trottoir est blanche. La race des privilégiés jusqu'à une date récente dans l'ancienne patrie de l'apartheid. «Il y a toujours eu des Blancs au chômage en Afrique du Sud. Mais à l'époque de l'apartheid, les chômeurs blancs étaient surtout des marginaux, des gens un peu à part. Aujourd'hui, c'est différent. Le chômage peut toucher n'importe qui», explique Lance, un Sud-Africain blanc qui a vécu deux ans dans la rue avant de devenir l'un des responsables de Big Issue, la version sud-africaine du fameux journal londonien pour les sans-abri.

Depuis sa création en 1996, le Big Issue sud-africain a employé près d'un millier de vendeurs. «Noirs, Blancs, métis. Tout le monde vient frapper à notre porte. En Afrique du Sud, il n'y a pas d'assurance chômage. Au mieux, on perçoit une indemnité pendant trois mois après avoir été licencié. Résultat, quand on perd son travail, c'est souvent le saut dans le vide sans filet», souligne Lance. Un tiers de la population au chômage. Depuis quelques années, ils sont de plus en plus nombreux à sauter ainsi dans le vide. Quatre ans après l'arrivée de Nelson Ma