Les derniers détails ont été bouclés samedi à Matignon, au cours
d'un entretien entre Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn et Jean-Luc Lagardère. L'entrepreneur privé a finalisé avec l'Etat les termes de la fusion de Matra, sa société phare, avec le groupe aéronautique Aérospatiale, dont un décret vient d'annoncer la privatisation. La part de l'Etat dans ce groupe stratégique va passer en dessous de 50%, mais le gouvernement se dotera d'une action spécifique qui lui permettra, le cas échéant, de préserver les «intérêts essentiels de la sécurité nationale». 20% du nouvel ensemble devraient être introduits en Bourse en juin, «si les conditions du marché le permettent», précise-t-on à Matignon.
Le groupe Lagardère va donc prendre 33% du capital d'Aérospatiale (la fourchette haute de ce qui avait été prévu en juillet). Il sera le premier actionnaire privé du nouvel ensemble, qui se positionnera au deuxième rang européen, derrière le britannique British Aerospace Marconi, et au cinquième rang mondial des industries de défense. En plus de l'apport de sa société Matra Hautes Technologies, Lagardère va finalement verser à l'Etat une soulte limitée à 850 millions de francs, tout en s'engageant sur une garantie de 1 150 millions de francs si le cours de Bourse du nouveau groupe devait chuter trop fortement dans les deux ans. Déjà, les syndicats s'indignent. Les représentants CFDT d'Aérospatiale et de Matra ont dénoncé hier «l'absence de transparence» qui a entouré le processus en co