Fan Gang, un économiste de 45 ans passé par Harvard, est directeur
de l'institut national de la recherche économique, à Pékin. Rencontré en marge du dernier Forum économique de Davos, il analyse les défis de cette année délicate pour la Chine.
La décision chinoise de ne pas dévaluer le yuan est-elle politique ou économique?
C'est une décision économique. En fait, nous n'avons pas grand-chose à gagner en dévaluant. D'abord, notre dette extérieure (estimée à 143 milliards de dollars, 165 milliards d'euros, ndlr) augmenterait. Ensuite, la moitié de nos exportations a des composants importés, qui coûteraient plus cher. Enfin, et c'est le plus important, si nous dévaluons, les autres pays d'Asie feront de même. Cela annulerait les avantages d'une telle mesure et créerait une nouvelle vague d'instabilité. La baisse de nos exportations est principalement due au ralentissement en Asie du Sud-Est et nous n'avons pas intérêt à de nouvelles turbulences. Nous pouvons tenir. Notre excédent commercial a augmenté, l'an dernier, de 7%, notre dette à court terme est faible et nos réserves sont de plus de 140 milliards de dollars (161 milliards d'euros). Il n'y a pas d'urgence.
La mise en faillite d'une société financière régionale, la Gitic, en octobre, a suscité de grandes inquiétudes. Sont-elles justifiées à votre avis?
Cela inquiète surtout les Chinois. Si un élément doit nous mener à une crise financière comme pour la Thaïlande ou la Corée du Sud, c'est ce phénomène illustré par la Gitic: des