Les entreprises se concoctent des emprunts de plus en plus
sophistiqués à des conditions on ne peut plus avantageuses. Le groupe Suez-Lyonnaise a annoncé hier le lancement d'un emprunt obligataire d'un genre nouveau sur la place de Paris: les acheteurs d'obligations Suez-Lyonnaise pourront, dans quatre ans et neuf mois, les échanger en actions de la compagnie d'assurances Axa. A première vue, l'idée de rembourser ses créanciers en actions d'une autre entreprise peut paraître saugrenue. En fait, la mode a commencé en Allemagne en 1996, explique Muriel Blanchier, spécialiste du marché obligataire à la Société générale. «Les banques allemandes possèdent d'énormes portefeuilles de participations industrielles. Si elles les cédaient sur le marché, elles seraient contraintes d'afficher des plus-values substantielles taxées au taux de 60%. En proposant de les échanger dans quelques années, elles parient sur une possible baisse de la fiscalité d'ici là», explique Muriel Blanchier. Elles espèrent donc vendre leurs participations dans de meilleures conditions.
En France, les motivations fiscales n'arrivent pas au premier plan. Cette ingénierie permet néanmoins de concilier divers objectifs, notamment celui de dénouer des participations croisées qui n'ont plus l'heur de plaire aux boursiers. Suez-Lyonnaise possède ainsi 2,6% du capital d'Axa (hérités lors de la fusion Axa-UAP). A un moment où les marchés d'actions sont très chahutés, les investisseurs sont à la recherche de placements sû