Tokyo, de notre correspondante.
Employé dans un atelier du contrôle technique d'une des quatre usines d'assemblage que possède Nissan dans l'archipel, Soichiro (1) ne cache pas sa lassitude et son incompréhension: «Chez Nissan, les ouvriers travaillent dur, plus que chez Toyota. Techniquement, nos voitures sont irréprochables, bien au-dessus du niveau de nos concurrents japonais. Pourtant, la situation va de mal en pis depuis le début des années 90.» Comme beaucoup de ses collègues, ce quadragénaire entré chez Nissan dans les années 60, juste après le lycée, dénonce la «mauvaise gestion» de l'entreprise. «Regardez, on vend plus de voitures que Honda mais notre bénéfice est bien inférieur. Le bénéfice par véhicule vendu chez Nissan est de moins de 2 000 F, contre plus de 8 000 F chez Honda!» Pour lui, ce résultat est la preuve des «erreurs accumulées» par les dirigeants du groupe. Un problème lié, d'abord, à la «nature des relations professionnelles» et «à l'organisation du travail». Car, ajoute-t-il, «il reste beaucoup de choses à améliorer. Au niveau commercial, déjà. La direction n'a pas pensé assez tôt que les hauts niveaux de production atteints pendant la période de la bulle financière des années 80 ne pouvaient durer indéfiniment. Pour vendre plus, elle a consenti des rabais de plus en plus gros. Et nos marges n'ont cessé de baisser.»
Challenger. Nissan, en perte pratiquement sans interruption depuis six ans, tombe de haut. Dans les années 70, c'était le seul groupe c