Les banques disaient jusque-là que ce qui les ruinait, c'étaient les
petits comptes. Leurs détenteurs faisaient beaucoup de petites opérations (virements, etc.) et surtout beaucoup de petits chèques, ce qui coûte à chaque fois 3 à 5 F. C'est faux. Moins on a d'argent qui alimente un compte, moins souvent on tire sur son chéquier ou sur sa carte bancaire (voir tableau). C'est ce que révèle une étude produite par les banquiers (1) après auscultation des comportements de leurs clients. Le travail a été présenté hier matin devant le groupe Jolivet, une instance de concertation (consommateurs, banquiers, hauts fonctionnaires") mise en place par les pouvoirs publics à l'automne dernier. Sa mission: mettre doucement sur orbite, en France, la rémunération des comptes courants et surtout son corollaire, la facturation des moyens de paiement, dont le chèque.
Mauvaises bases. Très vite, lors des premières réunions, les participants avaient pointé une lacune: les banques étaient incapables de produire des éléments assez précis pour pouvoir lancer la discussion. Certes, on connaissait les chiffres dans leurs grandes masses. Les banques traitent 30 milliards de transactions par an, réparties en 20 milliards de retraits ou dépôts d'espèces et 10 milliards de paiements scripturaux (virements, cartes bancaires"), dont 5 milliards de chèques. Mais rien de plus précis. Yves Ullmo, auteur d'un rapport qui a lancé le débat, avait juste calculé que le Français majeur faisait huit chèques en moyenne