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Libération

Le destin parallèle de deux requins. Ils ont fait fortune dans les années 80, à la hussarde.

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publié le 20 mars 1999 à 0h13

Ils n'étaient même pas ennemis, juste deux hommes d'affaires aux

canines acérées. Hier matin, Bernard Arnault s'est réveillé avec deux couteaux dans le dos, plantés par François Pinault. Et le patron de LVMH a trouvé cela si peu agréable qu'il s'est aussitôt rué sur son armoire forte, à la recherche de l'arme fatale. Voilà ces deux-là devenus tout à coup les Pébereau et Bouton (1) du luxe! «C'est sûr que leurs rapports ne vont pas s'arranger. Mais c'est d'une grande banalité dans la vie des affaires», philosophe un «marieur» d'entreprises de la place.

Jusque-là, on ne les voyait d'ailleurs pas beaucoup ensemble. A part la consonance de leur nom, Pinault et Arnault n'ont, au premier regard, pas beaucoup de points communs. C'est en parallèle, sans quasiment se croiser, que l'autodidacte breton et le polytechnicien du Nord ont mené leur fulgurante ascension jusqu'au sommet des classements des grandes fortunes de France. A 63 ans, François Pinault devance très nettement son challenger, âgé de 50 ans: 30 milliards contre 23,36 milliards de francs, selon le dernier pointage établi par le mensuel Challenge.

Dépeceurs. Les parcours des deux hommes offrent néanmoins pas mal de similitudes. L'un et l'autre sont de parfaites créatures des années 80. Aussi brillants dans la chasse aux aides publiques que dans la construction de cascades de holdings ­ ces joujoux qui permettent de contrôler un groupe qui vaut 100 quand on n'a pas les moyens de miser plus de 10. C'est ainsi que Bernard Arna