São Paulo envoyé spécial
Un calme étrange règne en bordure de l'usine Volkswagen de São Bernardo do Campo. La rue est pratiquement déserte. En temps normal, elle est pourtant envahie par une armée d'ouvriers de la plus grande entreprise du Brésil. Pas un piéton ne circule non plus sur la passerelle en fer qui surplombe la voie rapide et donne accès à cette citadelle industrielle dont les murs d'enceinte en briques beiges dominent la vallée. Seuls quelques camelots attendent, adossés à leur échoppe en bois où ils offrent toute la panoplie des produits (baladeurs, briquets et faux parfums) importés en contrebande du Paraguay. Ici, à l'ABC, banlieue industrielle de São Paulo qui regroupe les communes de Santo André (le A), Santo Bernardo do Campo (le B) et Santo Caetano (le C), le moral est au plus bas.
«L'ABC, c'est le thermomètre de l'économie brésilienne, et cette rue, c'est le thermomètre de l'ABC», affirme Antonio Arnaldo, quinze années d'expérience dans le négoce de babioles. «Quand le marchand ambulant ne vend pas une cannette de limonade à un ouvrier, c'est que VW (Volkswagen) ne vend pas de voitures et que le Brésil va mal. Je n'ai jamais vu une crise pareille. Si d'ici à la fin de l'année les choses ne s'arrangent pas, tous les camelots de la rue vont faire faillite.» Les dizaines de marchands ambulants ne sont pas venus ce vendredi. Comme tous les vendredis depuis deux mois: un accord social a réduit la semaine de travail à quatre jours pour faire face à l'effondrement