Les cadres d'Elf-Pau apprennent la lutte sociale. Ils s'y exercent
depuis novembre 1998 et devraient aujourd'hui décider d'intensifier la guérilla contre les 2 000 suppressions d'emplois annoncées vendredi. Chez Elf Aquitaine Exploration Production (EAEP), 46% des 4 300 salariés sont des cadres. L'unité qui produit «de la matière grise», comme l'explique la CFDT, a décidé de se rebeller contre la direction et son «plan de performance», prélude à une réorganisation totale des services. Ce plan, dont les conclusions ne seront révélées que le 16 avril, cristallise toutes les inquiétudes. «Les gens ont peur pour leur emploi, alors cadre ou pas, ils ont décidé d'agir», constate la CGT. «Le cadre inféodé à la direction, c'est fini», renchérit la CFDT. Depuis, près de 65% des personnes présentes participent aux assemblées générales qui se sont succédé depuis l'automne. Et l'intersyndicale d'EAEP a inventé la guérilla à l'usage des cadres.
Le PDG épinglé. Le cabinet d'audit Mc Kinsey, chargé de conduire «le plan de performance», a été la première cible des guérilleros en col blanc. «Dès qu'on nous signalait des auditeurs dans l'entreprise, un petit groupe de syndicalistes et de cadres débarquaient dans les bureaux», explique en riant Michèle Marroncles, CFDT. Et l'opération pouvait commencer. Autocollants siglés «Là où Mc Kinsey passe, l'emploi trépasse» sur les ordinateurs et les bureaux, corne de brume et pétards dans les couloirs, avant de conduire les intrus à l'extérieur de l'e