Madrid, de notre correspondant.
Elle n'aura même pas esquissé une grimace. Le visage, aussi dur qu'à l'accoutumée, ne trahit pas la moindre expression. Ana Patricia Botin, «la banquière de fer», considérée jusqu'alors comme la femme la plus puissante d'Espagne, vient d'être sacrifiée par son propre père sur l'autel du compromis.
C'était le 6 mars. Dans le palais des Festivals de Santander, devant un vaste parterre d'actionnaires, le président Emilio Botin soumet au vote la fusion de Banco Santander, «sa» banque et celle de ses aïeuls, avec le Banco Central Hispano (BCH). Voeu ratifié à l'immense majorité. Le vieux banquier commente: «Parfois, il faut savoir faire un choix entre les questions familiales et celles des affaires.» A 400 km de là, à Madrid, le patron du BCH, Jose Maria Amusategui, obtient un vote facile et les applaudissements nourris de ses propres actionnaires. Lui aussi constate mais en le clamant que «le monde d'aujourd'hui n'appartient plus aux familles, mais aux professionnels».
Polaire. Le résultat ne surprend personne. Il n'est que l'ultime et prévisible onction à la création du Banco Santander y del Central Hispano (BSCH), fusion de deux grandes banques espagnoles annoncée le 15 janvier. Au sortir du vote, Ana Patricia Botin, beauté polaire de 38 ans, peut soutenir un sourire figé, au bras de son père, face aux hordes de photographes. Elle a perdu et renoncé à toute fonction exécutive. Ainsi s'efface la dynastie bancaire des Botin, née en 1909 sous l'i