La date du 27 mars 1999 ce samedi restera pour Renault comme
l'une des plus importantes de son existence. En fin de matinée, à Tokyo, une cérémonie de signatures va transformer la marque en quatrième constructeur mondial. L'issue de dix-huit mois de tractations discrètes, d'allers-retours entre les aéroports de Tokyo, de Paris, de Detroit et de Bangkok. A midi, Louis Schweitzer ratifiera une prise de participation de 35% au capital de Nissan Motors (la division automobile) et de 22% à celui de Nissan Diesel (les camions), pour un prix de 32 milliards de francs.
Science-fiction. L'histoire commence au mois de juin 1997. A l'époque, les ventes de 4x4 cartonnent en Europe. Mais, dans les catalogues de Renault, il n'y a pas l'ombre d'un tout-terrain. Patrick Faure, alors directeur général, décide d'équiper un modèle existant, en le munissant d'une transmission intégrale. Pas question de concocter un engin spécifique, ni même de fabriquer soi-même cette transmission. Trop cher. Autant l'acheter auprès de spécialistes. Subaru en est un. La petite marque japonaise ne peut prendre de décision sans en référer à l'un de ses actionnaires: Nissan. Même s'il ne détient que 4% du capital, il est décisionnaire dans toutes les questions liées à l'automobile. Georges Douin, responsable du produit, prend le premier avion pour Tokyo. Peine perdue. Nissan refuse de vendre des pièces comme un vulgaire fournisseur. En revanche, les dirigeants du groupe nippon n'ont rien contre un partenariat,