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Libération

La Grande-Bretagne à l'heure du salaire minimum.

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publié le 29 mars 1999 à 0h19

Pour la première fois de son histoire, la Grande-Bretagne va

appliquer une loi imposant un salaire minimum national, qui devrait permettre à 2,3 millions de salariés d'avoir une augmentation de salaire. Cette mesure, qui doit s'appliquer à partir de jeudi, comptait parmi les promesses sociales les plus symboliques des travaillistes à leur arrivée au pouvoir en 1997. Son niveau a été fixé à 3,60 livres par heure (35,42 F). Sauf pour les plus jeunes; il ne s'applique pas aux 16-17 ans, et il est plus faible pour les 18-21 ans (3 livres, soit environ 29,50 F). Selon les syndicats, la nouvelle loi va surtout toucher le nord de l'Angleterre et l'Irlande du Nord. Et ce sont les entreprises de nettoyage, de gardiennage, d'hôtellerie-restauration ou du textile qui sont les plus concernées.

Le texte suscite pas mal de scepticisme, aussi bien chez les employeurs que chez les salariés. A Bradford, cité textile d'un demi-million d'habitants, les employeurs menacent de réduire les effectifs et insistent sur les risques de développement du travail au noir. Ainsi, au Bombay Stores, le plus gros supermarché asiatique du pays, destiné aux 14% d'habitants de Bradford originaires d'Inde, du Pakistan ou du Bangladesh, la moitié des 50 employés reçoivent seulement 1,50 livre par heure, pour dix heures par jour, six jours par semaine. Leur patron, Vaseem Kader, affirme: «Nous devrons licencier, il y aura huit à dix emplois de moins à cause du salaire minimum.» Selon lui, beaucoup de commerces et