Tokyo de notre correspondante
Le moins que l'on puisse dire est que le mariage n'a pas été célébré en grande pompe. Aucune mise en scène fastueuse n'avait été prévue pour égayer les tristes locaux du Keidanren, le patronat japonais, choisis curieusement par Nissan pour annoncer la nouvelle de son union avec Renault. Sur l'écran, un simple faire-part: «Renault et Nissan regroupent leurs forces.» Il s'agit pourtant du plus gros rachat d'une entreprise japonaise par un étranger, de la naissance du 4e groupe automobile mondial, et du plus important pari jamais tenté par une société française. Rien de moins.
Côté français, on a évité tout triomphalisme intempestif; le souvenir de l'échec du mariage avec Volvo, en 1993, est encore douloureux. Heureux comme un homme qui vient de signer le plus beau coup de sa carrière, le patron de Renault, Louis Schweitzer, prend un soin tout japonais à refouler sa joie. «C'est un moment historique pour Renault», s'est-il juste risqué. A ses côtés, le président de Nissan, Yoshikazu Hanawa, fait bonne figure, sourit aux photographes, même si le coeur n'y est pas tout à fait. Après tout, c'est du sauvetage de son groupe dont il s'agit.
Soutien bancaire. Sur le papier, le couple a fière allure. En s'alliant, les deux constructeurs, avec 4,8 millions de véhicules produits par an, se hissent derrière les américains General Motor et Ford et le Japonais Toyota, mais devant Volkswagen. «Notre part du marché mondial atteindra 9,1%», souligne Schweitzer. Selon