Il y a désormais deux façons de faire des pronostics économiques: à
la louche et à la fourchette. C'est la seconde qu'affectionne le gouvernement, qui présentait hier ses nouvelles prévisions. Le ministère des Finances, qui avait bâti à l'automne son budget 1999 sur une croissance de 2,7%, parie désormais sur «2,2% à 2,5%» pour l'année en cours et «2,5% à 3%» pour 2000. La crise internationale Asie, Russie, Amérique latine explique en partie le dérapage des prévisions officielles. Comme dans les autres pays d'Europe, les exportateurs français n'ont pas échappé à une contraction des commandes. Mais Dominique Strauss-Kahn, le ministre des Finances, considère que la page est tournée: «La "voiture France reprend peu à peu sa vitesse de croisière, mais, bien sûr, sa moyenne doit être un peu revue à la baisse, compte tenu du ralentissement que nous avons traversé», a-t-il déclaré au quotidien les Dernières Nouvelles d'Alsace de lundi, renonçant pour une fois à la métaphore aéronautique (le fameux «trou d'air») pour l'allégorie automobile.
L'optimisme du ministre n'est visiblement pas partagé par les industriels. L'Insee, qui sonde chaque mois leur «moral», a publié hier une étude déprimante. A les écouter, l'activité a «nettement ralenti au cours des derniers mois dans l'industrie manufacturière», «les carnets de commandes globaux comme étrangers continuent de se dégarnir» et «les perspectives générales de production diminuent encore nettement».
Il n'y a pourtant pas de quoi se