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Libération

Le marché américain de l'eau craint le libéralisme «à la française». Les syndicats s'inquiètent des ambitions de Vivendi et de la Lyonnaise, dans un secteur encore tenu par le public.

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publié le 30 mars 1999 à 0h20

New York, de notre correspondant.

«Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale, empereur des Français"» C'est par ces premières lignes du décret de 1853, créant la Compagnie générale des eaux, que le visiteur est accueilli à l'entrée du siège américain du groupe français (devenu Vivendi en 1998), au 38e étage d'un immeuble de l'East Side, à Manhattan. Mais ce rappel historique ne doit pas faire illusion. «Vous savez, les Américains ne sont pas les champions du monde du libéralisme dans toutes les catégories», affirme d'emblée Michel Avenas, le patron de Vivendi North America, devenu, depuis le rachat annoncé au début de la semaine dernière d'US Filter, le numéro 1 américain du traitement de l'eau. En matière de gestion privée de services publics, les Américains n'ont qu'à bien se tenir. Forts de leurs parts de marché planétaires et de leur «savoir-faire mondial», Vivendi et Suez-Lyonnaise des eaux attaquent le secteur de la distribution de l'eau.

A l'attaque. «Vous rendez-vous compte qu'au pays du capitalisme 80% de la gestion de l'eau sont assurés par des fonctionnaires!» s'amuse Thierry Noël, le patron d'United Water Services, la filiale américaine de Suez-Lyonnaise dans le secteur. Pas pour longtemps; à les écouter, les deux groupes français, qui n'occupent encore qu'une position marginale dans la distribution de l'eau potable ou son traitement, seraient en passe de convertir des Américains aux vertus de la libre entreprise.

La plupart des prévisions tablent sur u